CRITIC KNIGHTS


Cheval de guerre de Steven Spielberg
Note : 18/20
Loin de faire la nique aux films de Steven Spielberg, je n'en attendais pas vraiment grand chose de Cheval de guerre, mais à la vue de la B.A. sur grand écran les larmes me venaient aux yeux. Alors bien sûr je ne pouvais passer à côté de ce film, magnifique, et je suis allé le voir dès la première séance et qu'elle ne fut pas ma surprise en voyant un très grand film.
Tout d'abord Cheval de guerre (le film) est l'adaptation d'une pièce de théâtre nommée War horse qui était l'adaptation du roman Cheval de guerre écrit par Michael Murpago, qui décrit les mésaventures d'un cheval exceptionnel qui traversera la première guerre mondiale avec son lot d'atrocité mais aussi d'humanité bouleversante et fragile avant de retrouver son jeune maître Albert.
Pour être honnête, je ne connais pas le cinéma de John Ford et il me serait prétentieux de dire que la mise en scène de Spielberg rend hommage à John Ford mais en voyant le film, il m'a semblé y déceler plus une forme de référence que le simple hommage.
En effet le positionnement de la caméra, son angle de vue permet de résumer la rection des personnages, leur situation sociale, leur émotion, donc très vite il est facile de comprendre les personnages dans leur intimité. Ensuite il y a un hommage aux western américain dans sa première partie: l'action a beau se situer en Angleterre, Spielberg développe un univers iconique via des environnements que nous connaissons: le village, la ferme misérable, les prairies.
Le réalisateur exploite des paysages magnifiques dans lequel les héros du film vont y déployer une fougue et une force qui leur seront utiles par la suite.
Les héros du film ont des caractères de héros de western: le jeune garçon est sincère, droit, mais se montre avant tout doué avec son cheval. Le cheval, lui, est fougueux, fort, intelligent mais est en totale symbiose avec son maître. Et ces deux personnages vivent autant de galère que de joie mais c'est bien dans la peine qu'ils trouvent leur force; et cette force leur sera utile plus tard dans le film.
Mais cette première partie qui développe des personnages attachants, liés par un amour inébranlable, se retrouve bouleversé par la guerre et à ce moment Spielberg se concentre alors sur les (més)aventures de Joey (le cheval). Il est inévitable que n'importe quel autre réalisateur se serait cassé la gueule dans cette 2ème partie du film: comment faire avancer une histoire quand le héros est un cheval ? Spielberg (selon moi) fait du cheval un spectateur des relations humaines mais aussi un acteur dans ces relations.
Car les personnages qui côtoient Joey montrent leurs sentiments, leurs motivations et relations. Le cheval rapproche les hommes (très beau de proximité entre deux frères désertant leur armée), amplifie un amour (la relation entre un grand père et sa petite fille est à la fois touchante, drôle et émouvante), révèle un humanisme derrière une discipline de fer (la relation qu'entretien un soldat allemand avec Joey et un second cheval) et rapproche des adversaires qui finissent par se respecter (longue séquence qui montre bel et bien que les hommes sont des hommes et pas des machines à tuer).
Bien sûr le film n'oublie pas de montrer les horreurs de la guerre mais elles ne sont plus montrées dans le style ultra réaliste de Il faut sauver le soldat Ryan mais dans un style très classique de caméra en travelling horizontal et laisse l'action occuper le second plan; car ce qui intéresse Spielberg ceux sont les hommes plus que la violence. La séquence de no man's land est montrée de 2 manières différentes: la 1ère montre des hommes avançant dans une formation normale (d'où un travelling horizontal, quelques gros plans sur des visages traumatisés) et la 2ème montre le cheval le traversant avec fougue avec des mouvements de caméra plus fluide, dynamique.
Si le cheval assure le spectacle, les acteurs ne sont pas à oublier, certes ils ne font que passer car le héros est le cheval mais Spielberg leur donne de l'épaisseur afin de créer des personnages humains et dont la sympathie permet de très vite s'attacher à eux.
Il existe bien sûr une autre complicité extrêmement bouleversante entre Joey et le cheval noir qui pousse le spectateur à avoir de l'empathie pour eux et leurs mésaventures (on pourrait comparer Cheval de guerre à L'Odyssée de Homère).
Quant au final, il est bluffant et touchant dans la retrouvailles de sentiments humains, piétinés et mal traités par tant d'horreur, Albert retrouve ses parents et leur amour est plus que jamais inébranlable, quant à Joey, il a vécu l'enfer (que l'on suppose qu'il n'oubliera jamais) mais il est en vie et c'est le plus important.
Cheval de guerre est émouvant, pas guimauve, et il est désormais à ranger dans la catégorie des meilleurs films de Steven Spielberg.
Un des meilleurs (le meilleur ?) film de 2012.
Alexis du Cine@lex