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Evil Dead de Fede Alvarez
avec Jane Levy, Shiloh Fernandez, Jessica Lucas, Lou Taylor Pucci



Note: ♥♥♥



Je respecte l'avis de ceux qui n'ont pas aimé ce film. C'est un remake, certes, attendu au tournant, certes. Alors j'ai lu par ci, par là "c'est une bombe" "c'est une bouse" "qu'est ce que c'est ce remake ?" "ça n'a rien à voir avec l'original". Alors que dire de ce film au final ?
Je ne vais pas mentir en disant que l'original est un classique indémodable et que son remake est une insulte, cela fait des années que je n'ai pas revu le Evil Dead original (sympa cette appellation) et donc il me viendrait très mal de comparer l'incomparable. Alors j'ai décidé de me focaliser sur ce Evil Dead et de le voir comme un film.
L'histoire de Evil Dead (le remake) se concentre sur un groupe d'amis (deux mecs, trois filles et un chien) qui se retrouve dans une vieille cabane en bois, le but de ces retrouvailles est de permettre à Mia, une jeune toxico, d'en finir une bonne fois pour toute avec la drogue. Malheureusement cette cabane renferme un terrifiant livre (le livre des morts) et le cauchemar va s'abattre sur ce groupe comme une pluie de sang.
Le film commence de manière assez maladroite, c'est vrai, commencer par une intro présentant une fille qui se fait exécuter par son père, car elle est possédée par un démon, dans une ambiance putride, rappelle quelque peu les mauvais survival horror mal fichu tournés pour faire dans l'étalage de gore putassier. Il vient par la suite le titre du film en rouge sang avec une musique qui étrangement rappelle le thème flippant de Insidious. Ensuite c'est l'exposition classique des personnages, leur relation qui ne ressemble clairement pas à Evil Dead original. Dans l'original, ce que tout le monde dit, on ne savait pas grand-chose sur leur passé, dans le remake on suggère, sans trop s'attarder, à un passé houleux, triste et tendu (voir les retrouvailles entre les deux meilleurs amis du monde tout en tension). Bien sûr la relation la plus importante et nerf dramatique du film c'est la relation entre Mia et son grand frère, qui loin d'être dans le cliché, montre une relation soudée.
Quand le groupe s'installe dans la cabane, la tension n'a toujours pas baissé et pire l'ambiance s'est clairement plus dégradée. On peut, s'en trop s'avancer, dire que l'impact de cette cabane sur les personnages est importante et peut renvoyer aux films de maison hantée où la maison a une telle emprise sur les personnages que leur comportement change de manière radicale. Dans ce Evil Dead c'est le cas.
Par la suite, après la découverte de la cave, la tension monte d'un cran et vu que Mia commence à être en manque, les visions étranges commencent à apparaître et peuvent au départ être du à se manque de drogue. Mais on comprend que le mal est déjà là. Alors que la découverte de la cave aurait du les obliger à partir, les personnages restent, cette erreur fatale est un tournant décisif: en cumulant des mauvaises décisions pour empêcher quiconque de partir (surtout Mia) le groupe finit par se détruire de l'intérieur, tension, cicatrices du passé refont surface, les méfaits des démons ont déjà commencé.
Ce qui est intéressant avec Evil Dead le remake c'est sa façon de prendre le contre pied de son modèle de base; alors que le film original (et sa suite, car il y a quelques clins d'oeil au 2) se montrait fou et drôle (avec cette surenchère de gore), le remake fait revivre les moments d'anthologie sous l'angle du sérieux et pas la peine de chercher si il y'a du cynisme, il n y en a pas (la scène du viol de la foret met extrêmement mal à l'aise) même quand il s'agit de mettre en scène les effusions de sang, les mutilations, tout est montré d'une manière très dérangeante.
Le réalisateur avait clairement dit que son but sur ce remake n'était pas d'égaler son modèle mais de clairement faire son propre film et lui insufflait une identité propre, sans lui empêcher de faire des clins d'oeil aux classiques. Bien sûr il y a quelques maladresses pour un premier long métrage horrifique: ces fichus jump scares, efficaces, qui parsèment le film (plus dans la première partie) et peut être que les répliques sont plus proche pour remplir les moulins à paroles de chaque personnage que vraiment apporter une vraie information. Par contre la mise en scène de Fede Alvarez est élégante et offre parfois de très jolis instants (la pluie de sang à la fin) et exploite parfaitement la photographie du film avec de jolis effets d'ombre et de lumière (le baiser démoniaque lesbien).
Les SFX sont magnifiques et les possédés sont vraiment classes, chacun possédant une particularité physique (le premier s'ébouillante, le second se mutile les joues, le troisième se mutile, le quatrième est percé de partout), quant au démon (qui était le seul élément frustrant non présent dans le film original alors qu'on le suggérait sur les jaquettes VHS) il a clairement une sacrée classe (il ne me fait pas penser à un quelconque fantôme japonais, mais plutôt à une créature digne de Silent Hill).
Pour ce qui est de leur parler qui ressemble à Regan dans L'exorciste, l'explication vient surtout (sans être sûr à 100 %) du fait que les démons manipulent les mortels au point de les rendre dingue, ainsi les insultes, les provocations propagées poussent les victimes vers la folie.
En ce qui concerne les acteurs et actrices, tous s'en sortent bien et livrent une interprétation correcte mais qui prouve leur implication dans leur acceptation d'en baver un maximum. Quant à Fede Alvarez, il s'en sort avec les honneurs et prouve son sérieux dans la fabrication d'un film. Sam Raimi, Bruce Campbell, Robert Tapert peuvent être fiers de leur poulain.
Ce Evil Dead n'est ni une catastrophe, ni un chef d'œuvre du cinéma d'horreur, mais un film honnête qui a réussi à se démarquer de son modèle pour imposer sa propre identité. Reste plus qu'à attendre Evil Dead 4 comme le suggère la séquence après le générique de fin (et que je n'ai pas vu bordel de merde).



Alexis du Cine@lex

Critic Knights 

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