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Shame de Steve McQueen
avec Michael Fassbender, Carey Mulligan



Note: ♥♥♥♥



La première fois que j'ai vu Shame, je ne savais pas quoi dire, ni comment l'aborder. Je me retrouvais devant un film différent… pourtant il est classique dans sa forme, le fond, aux premiers abords.
Mais quand on le regarde une seconde fois et que l'on a assimilé la façon de filmer, de raconter l'histoire de Steve McQueen, on se dit "d'accord, je comprends mieux le film".
L'histoire se concentre sur Brandon, un employé admiré par son patron, un collègue de bureau apprécié, charmant, qui réussit plutôt bien dans la vie. Pourtant Brandon est additif au sexe, et quand sa sœur Sissy s'installe quelque temps chez lui, son univers contrôlé déraille.
Pour comprendre la mise en scène du réalisateur de Shame, il faut savoir que Steve McQueen vient de la vidéo, donc son rapport avec l'image est différente, il ne compose pas son film d'une manière conventionnelle (plan d'ensemble, plan moyen, champ et contre champ), au contraire sa caméra reste statique (quelques mouvements de caméra) et seule l'action compte. De cette manière de composer, on comprend plus rapidement, on pénètre plus vite dans le monde de Brandon.
Steve McQueen privilégie les longs plans qui peuvent varier entre 5 et 10 minutes, mais se refuse de faire du cinéma d'auteur "je me la pète", car ce qui compte c'est l'histoire et les non dits et c'est dans les non dits que l'on apprend le plus. Les longs plans traduisent un sentiment, une émotion et font évoluer l'histoire.
Pour ce qui est de la photographie, elle est montrée de manière très réaliste (jolie lumière avec contraste entre le jour et la nuit, contraste entre la lumière et l'obscurité) mais quand Brandon n'arrive plus à se contrôler, le spectateur a la sensation de se retrouver devant Irréversible mais raconté à l'endroit (ça commence normalement et puis au fur et à mesure on descend en Enfer)et la couleur devient plus chaude, charnel, rouge pour montrer le franchissement d'une limite.
Pour ce qui est de l'histoire, elle est simple, minimaliste et directe, on comprend l'enjeu principal du film et puis Steve McQueen ajoute un élément perturbateur et tout ce que contrôlait Brandon (sa vie, ses habitudes avec ses collèges, le sexe) déraille. Brandon essaye de garder le contrôle mais tout va de travers (d'où les dernières minutes du film qui sont provocantes).
Au niveau personnages, on les comprend, Brandon, on comprend que cette addiction au sexe le ronge, qu'il veut s'en sortir, mais qu'il échoue. C'est un personnage agressif, renfermé qui explose que quand il se retrouve dos au mur, pourtant on a de la sympathie pour lui, car il cherche vraiment à s'en sortir. Sissy, est une jeune femme paumée, extravertie, écorchée vive mais dont la sympathie que l'on développe pour elle vient du fait qu'elle se reconnait imparfaite, mais cherche à corriger ses heures. Le choc, entre ces deux personnages diamétralement opposés, provoque une explosion tel un big bang dans un univers qui les ronge.
Dans les rôles de Brandon et Sissy, Michael Fassbender et Carey Mulligan sont épatants et livrent des interprétations habitées. Michael Fassbender (qui avait déjà travaillé avec Steve McQueen) est vraiment épatant et donne de sa personne physiquement et mentalement (car ce n'est pas un rôle facile à jouer), tout comme Carey Mulligan qui joue son rôle le plus extrême dans sa jeune carrière.
La BO dans le film renforce les sentiments et le ressenti des personnages (une musique proche de celle entendue dans Mullholand Drive).
Un dernier sur les scènes de sexe. Ceux qui espéraient un film de sexe, peuvent aller se rhabiller, car Shame est un film sur l'addiction du sexe et des conséquences que cela entrainent. Donc les scènes de sexe ne virent pas dans le voyeurisme, ou la pornographie mais montrent surtout l'impact sur Brandon.
Pour finir, Shame est un film déconcertant qui peut surprendre la première fois, mais qui à la seconde vision se révèle être un grand film. A voir d'urgence.



Alexis du Cine@lex

Critic Knights 

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