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Watchmen de Zack Snyder
avec Patrick Wilson, Malin Akerman, Jeffrey Dean Morgan, Jackie Earle Haley, Billy Crudup, Matthew Goode, Carla Gugino



Note: ♥♥♥♥



Dire que l'on attendait beaucoup de l'adaptation du comic book ultime était un doux euphémisme: en fait les fan du comic book et de super-héros l'attendaient au tournant. Après le controversé 300 (adaptation trop fidèle, censuré au Moyen- Orient, fasciste pour certains), Zack Snyder s'attaque à l'inadaptable.
Alors réussite ou échec ?
Disons plutôt que le pari est réussi dans le sens où le réalisateur de l'armée des morts a gardé toutes les idées et les moments clés du comic book pour la trame principale; après il est évident que le film passe malheureusement à côté d'autres moments importants de l'histoire (la relation entre un vendeur de journaux et un gamin féru d'une histoire de piraterie). Mais l'essentiel du scénario est très respectueux envers le matériel de base.
Watchmen décrit un passé uchronique dans lequel Nixon est élu 4 fois président des Etats-Unis, la guerre du Viet Nam est un succès pour les américains et la guerre froide est sur le point de devenir une 3ème guerre mondiale nucléaire. Dans ce contexte géopolitique tendu, d'anciens supers-héros mis à la retraite reprennent du service suite à l'assassinant d'un des leurs, justement lié à la 3ème guerre mondiale.
Derrière une histoire classique de supers-héros, nombreux réalisateurs se sont cassés les dents sur l'adaptation (Guilliam, Greengrass, Aronofsky...) car le sujet était trop couteux ou trop difficile à adapter. Zack Snyder, en fan de Watchmen, a décidé de garder tous les aspects importants de l'œuvre et s'est adapté comme à son habitude. En effet si 300 était un film pro démocratie, Watchmen est anti capitaliste voir totalement contestataire. Mais Watchmen a une qualité indéniable par rapport à son rival, il a une vraie complexité et une approche adulte et philosophique de notre monde qu'il dépeint (car après tout même si les évènements historiques sont chamboulés on parle bien sûr de la décadence de notre monde).
L'histoire s'étire sur une quarantaine année, et le spectateur est balancé d'une époque à une autre via des flash-back informatifs capitaux. Il est évident que le spectateur peut avoir peur d’être perdu dans cette histoire gigantesque, d’autant plus que l’histoire est faussement racontée du point de vue de Rorschach (via une voix off qui raconte la décadence de la société) mais du point de vue du Docteur Manhattan car il est Dieu (déshumanisé, imperméable à tous les tourments humains), le monde évolue autour de ses décisions, de ses gestes. Le docteur Manhattan est donc le vrai narrateur de cette histoire, laissant les évènements se dérouler (comme par exemple le comédien qui abat une femme enceinte).
La violence dans ce film est totalement justifiée car elle est un des nerfs importants de l'œuvre originale et expose parfaitement la mentalité de l'être humain. La violence peut sembler excessive, très graphique mais elle est nécessaire pour le déroulement de l'intrigue (après tout la guerre est le summum de la violence dans l'intrigue). La psychologie et la caractérisation des personnages ne sont pas délaissées et occupent les 3/4 du film, leur relation ont été très bien adapté et les watchmen du film sont plus humains que ceux de la BD. L'adaptation a nécessité quelques modifications: les costumes ont été retravaillés, certaines situations ont été mélangées la cause du drame final a été modifiée pour être plus réaliste et cohérente. Zack Snyder a retranscrit parfaitement l'ambiance des années 80 en étant réaliste et non kitsch, les tensions liées à la guerre froide sont respectées et le film est imprégné de références cinématographiques et musicales (Apocalypse Now, les films d'Oliver Stone, Docteur Folamour, une B.O. composée de hit faisant référence à la guerre, à la mort...).
Techniquement le film a été très bien réalisé et monté (les scènes d'actions, rares, sont magnifiques) et le visuel (bien qu'un peu sépia) respecte les visions de Dave Gibson. Toute la partie s'intéressant à la naissance de Docteur Manhattan est magnifique et la musique de Phillip Glass colle parfaitement à cet instant à la fois poétique et complètement en décalage avec le reste de l'histoire (du moins les conflits militaires et politiques ainsi que le complot).
Quant aux acteurs, ils sont excellents, ils donnent vie à des personnages de papier, leur insufflant humanité et sympathie: Jeffrey Dean Morgan interprète une version cynique de Captain America, Patrick Wilson interprète est Batman manioc dépressif, Malin Ackermann est une wonder woman dépassée par les évènements, Billy Crudup interprète Dieu, Matthew Goode est un super héros qui souille sa pureté dans ses actions et Jackie Earle Haley interprète Rorschach avec une telle animalité qu'à lui seul il assure le spectacle.
Adapter l'inadaptable n'est pas chose aisée et David Hayter (la voix anglaise de Solid Snake) a réussit à conserver l'essence de l'œuvre originale; et malgré une adaptation charcutée, parce que il y avait trop de chose à raconter, Watchmen le film reste fidèle à son œuvre originale: fascinante, philosophique, métaphysique, magnifique. Et puis il était impossible de retranscrire Watchmen à notre époque car cela aurait l'air tellement exagéré, alors que laisser l'action en 1985 permet de mieux nous rendre compte de la folie et du chaos mondial d'aujourd'hui. Watchmen, grâce à ses thématiques universelles, convoque le spectateur à s'interroger sur notre monde: doit on aboutir à la paix par le sang ? Ferions nous la même chose aujourd'hui ? En tout cas il est sur que constater notre décadence à travers un monde que nous connaissons simplement en rendant notre monde plus "fantastique" est la plus judicieuse et intelligente idée jamais eu.
Watchmen est bien plus qu'un film de super héros névrosé: c'est un film intelligent.



Alexis du Cine@lex

Critic Knights 

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